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Matt Adnate : Un street artist australien engagé pour les Premières Nations

Marlene Braach 21 novembre 2020
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© Adnate

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Rencontre avec un street artist qui s’engage pour sa communauté. Une courte interview sur la façon dont les immenses portraits d’Adnate suscitent des émotions et l’attention sur les Premières Nations Australiennes dans la rue.

Qui es-tu ?

Je m’appelle Matt Adnate, ou “Adnate” tout court. La plupart du temps, les gens pensent que c’est mon vrai nom mais ce n’est pas le cas. Je l’ai choisi quand j’étais ado comme pseudo en tant que writer.

Quel est ton parcours ?

J’ai commencé à faire des graffitis après le lycée. Je ne suis pas passé par une école d’art mais j’ai fait beaucoup de peinture durant mes voyages. J’ai peint des lettres pendant une dizaine d’années avant de me consacrer exclusivement aux portraits. Cette obsession a été motivée par mon envie de partager des émotions. c’était comme un flash ! En sortant de l’abstraction de mes lettrages, je pouvais enfin communiquer des attitudes, des sensations et raconter des histoires plus profondes.

As-tu une motivation spécifique pour faire du graffiti et plus tard du street art ?

Je pense que n’importe quelle forme d’art dominante à un moment donné m’aurait attirée. Je veux dire que dans les années 50 ou 60, j’aurais pu être un pop artiste et suivre les traces d’Andy Warhol. Mais dans les années 90, c’était le graffiti qui était en plein essor. En tout cas, j’apprécie vraiment cette scène artistique et son environnement. À l’époque, j’ai adoré voir émerger dans la rue tous ces styles de graffiti.

© Adnate

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Peux-tu nous parler un peu de tes portraits ? Qui peints-tu ?

Je peins les Australiens des Premières Nations, des natifs américains, les habitants des îles du Pacifique etc… Je m’engage donc essentiellement auprès de différentes communautés et anciennes cultures dans le monde entier. Mais comme je suis Australien, je trouve que c’est très important de travailler surtout avec ma communauté locale, donc les Premières Nations d’Australie. C’est d’ailleurs une partie importante et intégrante de mon travail.

Il y a quelque chose de très spécial dans la façon dont tu peints les yeux. Je me souviens de cet énorme portrait à Hosier Lane à Melbourne, dans lequel les yeux d’un enfant reflétaient un paysage pas loin du bâtiment de la ruelle. Les reflets des yeux dans tes portraits sont-ils plus que de simples reflets ?

Je pense qu’au début, c’était juste une sorte de technique sympa, un détail supplémentaire. Mais, le temps passe et je me suis dit que je pouvais essayer de communiquer ce que la personne regardait vraiment en utilisant ces reflets. Ainsi, le mur dont tu parles fait face à un côté important pour les Premières Nations Australiens. Donc, j’ai peint les reflets de ce paysage spécifique dans les yeux du garçon. J’essaie souvent de communiquer l’importance de la terre avec les portraits des Premières Nations. Faire intervenir ce détail dans les yeux représente un lien important qu’ils ont avec leurs pays.

As-tu eu un moment clé de ta vie où tu as voulu raconter les histoires des Premières Nations ?

Il n’y a pas vraiment eu un moment précis qui m’a poussé à faire des portraits des Premières Nations. Un jour j’ai fait ce rêve étrange d’un wombat qui m’a fait trébucher alors que je marchais sur une route. Quand je me suis réveillé, je pensais encore à ce rêve. Comme tu le sais peut-être, le wombat est un animal unique en Australie. J’ai donc pensé au pays où je suis né, ce qui m’a finalement amené à vouloir peindre des portraits des Premières Nations. Donc, j’ai réalisé mon premier portrait d’une personne des Premières Nations dans la rue à Melbourne. Ce fut sans aucun doute un tournant décisif dans ma vie. Et bien sûr, j’ai eu beaucoup de responsabilités en peignant cela. Je ne voulais pas faire d’erreurs. Cette peinture murale est devenue virale. Les gens se sont pris en selfie devant. Très peu de temps après l’avoir réalisée, j’ai rencontré une femme des Premières Nations qui est devenue ma conseillère culturelle. Elle m’a beaucoup appris sur sa culture. Je ne savais pas grande chose jusqu’avant sa rencontre. J’étais dans une école typiquement étatique Australienne où vous nous n’appreniez presque rien à ce sujet auparavant.

Penses-tu qu’il est important que les artistes de rue s’engagent davantage dans des situations réelles et prennent une sorte de position politique ?

Bien sûr que je n’imposerai jamais à un autre artiste ce qu’il doit peindre. Mais je ne peux parler qu’à travers ma pratique personnelle. Mon engagement au sein de mes œuvres m’a montré à quel point cela avait un impact dans la rue. Le street art comme le graffiti est un outil de communication formidable même si parfois j’aime simplement peindre quelque chose qui me vient à l’esprit sans chercher une signification plus profonde.

Quels sont tes prochains projets ?

Pour l’instant, pour être honnête, je n’ai rien concrètement prévu. J’ai l’impression d’avoir beaucoup travaillé pendant ces dix dernières années, donc c’était bien de pouvoir faire une petite pause pendant la pandémie de COVID. Je n’ai pas fait d’expositions solo depuis 4 ans maintenant. Et à cause du COVID, nous ne sommes pas autorisés à aller dans nos studios collectifs à Melbourne pour l’instant. Sinon, je vais commencer à travailler sur une exposition solo bientôt.

Propos recueillis par Marlene Braach

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